Je constate qu'il y a peu de récits de coureurs alors je me décide à vous raconter un peu.....mes 3 derniers week-end. Le 19 juin, j'ai participé au maraisthon de Coulon, les 26 et 27 juin, j'ai fait le raid du golfe du Morbihan et le 4 juillet, les chemins du roy à Ste Néommaye.
Je vous raconte brièvement le maraisthon et chemins du roy :
Le maraisthon, c'était bien, 1ère édition, en plein cœur du marais poitevin, marathon écologique, en pleine nature, au milieu des canaux et des peupliers, alternance de chemins blancs et goudron, à mon avis, trop de goudron. A l'arrivée, remise d'une médaille en nougat (miam) et d'un pied d'angéligue. Bref résumé : 4h05, un gadin sur le pont de La Garette (pour une fois que je courais sans mon fidèle labrador, j'ai pas vu la lame de bois qui dépassait) une dent abimée, trois super ampoules.
Les chemins du roy : 2 distances proposées : 12 et 23 kms. J'ai opté pour le 23 kms que je termine tranquillement en 2h41. Parcours agréable, que du chemin (comme son nom l'indique), vallonné, ombragé, heureusement car il faisait très chaud. Cette fois, je l'ai fait avec Titoune et suis pas tombée !
Et, the must, le raid du golfe du morbihan, sans Titoune et sans tomber !
Course magnifique dans un cadre idyllique, d'ailleurs c'est pas une course mais un raid, là, on commence à toucher à l'ultra. C'est long, fatigant, mais tellement merveilleux, de super sensations au départ, au coucher du soleil, la nuit, au lever du soleil et à l'arrivée.
Allez, je vous raconte un peu......
Au départ, à 17h, il fait très chaud, nous sommes 7 du même club à prendre le départ du 86 kms, 14 autres sont partis la veille sur le 177 kms. Anne Arno, Laurent et moi, nous décidons de faire route ensemble, c'est une grande première pour chacun de nous 4, nous courons, marchons, nous ravitaillons ensemble, nous nous attendons. A 4, on ne s'ennuie pas, on parle, on blague, le temps passe vite et nous nous soutenons. Les paysages sont magnifiques, les kilomètres défilent, lentement mais sûrement. Il fait très chaud jusqu'à 22h, il faut beaucoup boire, la réserve d'eau fait 2 l et est consommée rapidement. Pas besoin de pause pipi, tout passe par la transpiration !
Vers 23h30, soit 6 h 30 de course et 43 kms après, nous arrivons à un gros ravitaillement. Nous en avions eu un au 17ème et un autre au 34ème Ici, c'est le grand luxe, on peut dormir si on veut, des lits de camp nous attendent, et on mange dans des assiettes (en plastique). Au menu : potage, pâtes, chips, saucisson, jambon, fromage, fruits, riz au lait, gateaux, fruits secs..... café, thé.
Nous prenons le temps de nous reposer, de nous restaurer. On est bien ici, assis sur nos bancs, devant ces grandes tables où on entend toutes sortes de récits de course ; on a rejoint les derniers du grand raid partis la veille, ils en sont à 29 h de marche/course. ça fait du bien une bonne pause. On y passe presque 1h et puis on se dit qu'il faudrait penser à y aller, nous n'avons fait que la moitié. Nous repartons en marchant, Anne n'a plus envie de courir. Au bout d'une heure de marche, je n'en peux plus, mes ampoules (qui datent du maraisthon) me font trop mal, et marcher me fait plus souffrir que courir. Alors, je repars en trottinant, je dis à mes "co-équipiers" que je les attendrai au prochain ravito, j'espère que ça va les motiver pour se remettre à courir. Je trottine jusqu'au ravito suivant, environ 10 kms, je me ravitaille, mais ne les vois pas arriver. Comme mes pieds ne vont pas mieux, je me dis qu'il faut que je reparte avant que ce ne soit pire et que les jambes, qui sont en train de refroidir, ne se raidissent trop. Je repars donc tranquillement, je suis seule, toute seule au milieu de la nuit, éclairée par la pleine lune, ma frontale et une pile que je tiens à la main (mes ampoules, ici, ne me servent à rien). Moi qui appréhendais cette solitude de la nuit, je suis en plein dedans. Les bruits résonnent, quelquefois, me font tressaillir, surtout quand je passe dans des bois, j'aime pas trop cette solitude, mais j'ai confiance, je vais bien rattraper quelqu'un : y a toujours un marcheur pas loin... En effet, j'aperçois, loin devant une frontale, je m'en rapproche, je la rattrape, on échange quelques mots, je dépasse à petite vitesse, puis la frontale s'éloigne derrière moi et puis encore une autre devant moi..... et ainsi de suite. Je trottine toute la nuit, je pense beaucoup, je délire un peu même, délire de bien être, délire de bonheur. Pendant que je cours, je pense à ceux qui dorment et qui ne peuvent donc, comme moi, savourer le plaisir de courir le long de ce golfe merveilleux, entendre le bruit des vagues (et autres), une nuit de pleine lune (même pas peur du loup garou), une nuit qui n'en est pas une, dans ce calme qui laisse libre court à toutes réflexions (optimistes, les réflexions !)....ça occupe l'esprit de réfléchir et puis, c'est le lever du soleil qui reflète sur la mer, les senteurs du petit matin, les couleurs du jour qui se lève, l'ivresse due à la fatigue, encore beaucoup de bonheur. Je rattrape un groupe de coureurs (et coureuses), je reste avec eux un bon moment, jusqu'au dernier ravito.
J'en repars seule pour ces 14 derniers kilomètres, je passe le dernier pointage, on m'annonce l'arrivée à 4 kilos, j'ai presque atteint mon but.
et enfin...... l'ARRIVEE ! ça peut paraître stupide, mais émotionnellement, c'est puissant. A 8 h du matin, je suis contente de "finir", envie de pleurer de bonheur de franchir l'arche de l'arrivée ; Des spectateurs, lève-tôt ou patients, nous attendent, nous encouragent dans nos dernières foulées, nous applaudissent, ça fait du bien, ça réconforte et ça soulage un peu les douleurs. Merci à eux.
Mes pieds sont endoloris, envie de quitter les chaussures et chaussettes qui collent aux ampoules, envie d'un massage, d'une douche je suis fatiguée mais heureuse de l'avoir fait, de l'avoir terminé, de suite une seule idée en tête : je remets ça l'année prochaine !
à l'arrivée, je me dirige vers le ravito mais, en fait, je n'ai envie de rien, juste un tout petit peu de riz au lait. Les pieds au repos me rappelent à l'ordre, et les muscles, en refroidissant, se raidissent à la vitesse grand V. Pas de temps à perdre, il me faut trouver la salle de massage. D'après le bénévole qui me renseigne, il me faut traverser le parking, traverser la rue, traverser tout le stade et sur la gauche, descendre les escaliers et tout se trouve au même endroit : douche, masseurs, kiné, podologues..... Au début, je crois qu'il fait de l'humour, je n'y crois pas, il se moque de moi, il me fait marcher..... Mais non, il est sérieux, le paradis est là-bas..... à 300m et 20 marches plus bas !!!!
mais.....ils exagèrent !!! z'auraient pu le mettre plus près leur paradis.
J'ai vraiment les jambes raides, on dirait robocop qui traverse le stade, je descends les marches en me tenant à la rampe, une par une, le pied gauche vient lentement rejoindre le pied droit sur la même marche, et il y en a une vingtaine...... J'arrive devant la salle de massage, heureusement, il n'y a pas d'attente, le masseur m'aide à me hisser et à m'allonger sur la table : ah !!! quel bonheur !!!! Il a des mains de fée. Si les masseurs n'existaient pas, faudrait les inventer ! Le massage dure un bon (bon, à tous les sens du terme) quart d'heure, ça va nettement mieux en descendant de la table. Après, direction la douche : Là, c'est la résurrection, et pour finir, le podologue : bonjour les ampoules !!!!! ça c'est moins marrant après ça, je suis prête pour un bon ravito, il est 10h du mat, et la faim commence à se faire un peu ressentir. A 14h, un bon déjeuner avec les copains, un petit tour à la piscine du camping avec baignade rigolade, ça réveille bien ! A 20h, apéros, quelques tartines à tout qui nous servent de dîner et une bonne glace sur le port de Vannes, et enfin... un gros dodo à presque 2 h du mat !!!!
comme quoi, c'est pas si fatigant que ça finalement....
que du bonheur et surtout de super souvenirs.
ça vous tente pour l'année prochaine ?
PS : mon 86kms m'a occupée quand même 14 h 55, Laurent a mis 15h20 et Anne et Arno 16h55 Voilà mon "bref" récit (qui m'a également occupée un bon moment !), Maintenant pour moi, c'est repos.....