Trente minutes avant le départ vendredi (17h30), nous apercevions la noirceur du ciel au dessus des Houches. La pluie nous a accompagné une bonne partie de la soirée et de la nuit. Heureusement, le froid n'était pas de la partie. La douceur était toutefois toute relative en altitude et nécessitait, lors des passages de col ou des arrêts prolongés, de bien se couvrir.
L'eau, la boue, les chemins glissants ont gâché les premières heures de course, imposant essorage des chaussettes, vidange des chaussures et entraînant de nombreuses chutes. Je n'y échappe pas, heureusement sans gravité. Au ravitaillement de Vallorcine, rencontre avec Sébastien Chaigneau (un des meilleurs trailer français) qui était présent pour encourager les coureurs. Après quelques mots échangés, je repars.
J'ai pu constater combien il était facile de perdre du temps aux ravitaillements. Tout au long de la course, la technique est simple pour la gestion de l'alimentaire et des ravitaillements : remplissage des bidons, dévorer rapidement (soupe, coca, fruits, pain, saucisson, tuc, orange....) et emporter des barres ou autres produits. Il faut dire qu'à ce sujet, j'ai de la chance, mon épouse travaille chez un façonnier qui fabrique notamment les barres d'overstim, décathlon, stc nutrition etc .... J'avais donc un fournisseur et une réserve importante dans le sac.
Le samedi matin, à partir du lever soleil, nous pouvons commencer à profiter des paysages sur le versan italien. Le temps restera sec, soleil, du matin au soir
Arrivée à Courmayeur, après une descente vertigineuse (que Christian et David ont parcouru en sens inverse lors du départ de la TDS) : la présence d'un sac d'allègement déposé par l'organisation permet de se changer complètement et de repartir avec des affaires sèches. J'en profite également pour discuter avec mon frère qui est venu me supporter. Courmayeur marque le début des choses sérieuses après 77 km de course.
Petit à petit je gagne du temps sur les barrières horaires. L'objectif est d'avoir au moins deux heures d'avance sur ces barrières couperets, mais je ne veux pas aller trop vite pour éviter une fin de course difficile.
Régulièrement, toutes les 10-12heures, je dois recharger ma montre gps qui m'est très utile pour suivre l'altitude et les kilomètres parcourus (surtout la nuit, la distance parcourue est difficile à évaluer).
Au ravitaillement d'Arnuva (95 ème km) j'ai de légers vertiges. Je prévois de m'octroyer 30 mn de sommeil, mais je suis réveillé après 12 mn par de la musique de Plastic Bertrand (à priori les micro-siestes sont vraiment efficaces pour récupérer )! Repos à Trient également (139 ème km) : avec 2 heures d'avances sur les barrières horaires, je décide, avec un compagnon de marche, de griller une heure pour un faire un solide repas puis 15 minutes de sommeil (sur 20 de prévues) et remise en état des pieds (tartine de pommade pour éviter les ampoules).
Tout au long du parcours, apparaissent des douleurs musculaires, aux tendons et articulations. Heureusement, elles repartent (cheville notamment) mais pas toujours aussi vite qu'elles arrivent . Au final, pas de crampes, tendinites et autres pépins du coureur.
L'arrivée sur Chamonix est grandiose. L'émotion à l'approche de l'arrivée monte crescendo et je pense que je ne saurai la retranscrire pleinement. Très forte, elle balaye tout. Les difficultés rencontrées sont vite effacées. Les encouragements du public vous portent. Il faut dire que j'ai de la chance de ne pas arriver de nuit mais en tout début d'après-midi. Les terrasses des cafés, restaurants sont remplies et chacun y va de son petit mot. Le fait d'avoir son prénom écrit en gros sur le dossard permet à beaucoup de vous appeler par votre prénom, ce qui renforce les encouragements. Le public est vraiment fantastique, tous les coureurs sont encouragés.
En dehors du parcours, de la distance, les courses de l'utmb font parties d'un événement fantastique. On peut certes reprocher l'aspect imposant de l'organisation, le coté commercial, mais cela contribue aussi à créer un événement hors norme. Par exemple, toutes les courses n'offrent pas le suivi en temps réel de votre progression : passer un col en pleine montagne, être pointé par un contrôleur et dans les 10 mn qui suivent, votre épouse reçoit un sms indiquant votre passage est quelque chose d'exceptionnel. Sur le même principe, la progression du coureur peut également être suivie sur internet en temps quasi réel. Cela permet à vos proches de vivre cette course à vos côté même s'ils ne sont pas présents.
La dimension internationale de la course contribue également à en faire une course à part et permet des rencontres tout au long du parcours, parfois surprenantes : juste avant de rentrer dans Chamonix, j' aperçois un attroupement de coureurs. Ce sont des japonais qui, en groupe, se refont une beauté à une rivière, se nettoient, enlèvent les traces de boue, se rafraîchissent le visage, des femmes mettent un t-shirt propre, une casquette plus tendance que course avant la ligne d'arrivée
Au final, je dirai que c'est une aventure qui se prépare longtemps à l'avance, qui nécessite de se connaître physiquement, mentalement et d'être totalement confiant dans son matériel.
Bref, je pense que vous l'aurez deviné, l'an prochain, je vais ressigner. L'occasion peut être de faire une équipe MACIF avec Christian Charrier et David Hamelin.