Me voici de retour en métropole après mon séjour sur l'ile de La
Réunion.
Comme convenu, voici le récit de mon périple de 57h sur le parcours de la
Diagonale des Fous.
Jeudi 22, me voici au contrôle des sacs.
Encore 4h et le départ sera donné.
L'aire de départ se remplit petit à petit.
Pour faire patienter les coureurs, des groupes de musiciens locaux se
succèdent sur scène.
A 10mn du départ, grosse averse.
Pour moi, les seules gouttes de pluie pour toute la durée de la
course.
A 5mn du départ, gros mouvement de foule, il vaut mieux de pas
tomber.........
22h00, le départ est donné. 3km à courir sur le front de mer.
Une foule ininterrompue sur ces 3km.
De la musique, des encouragements, un feu d'artifice tiré au dessus de
l'océan indien.
Une ambiance comme je n'en ai jamais vue au départ d'une course.
Peu avant le 20ème km, traversées des premières ravines.
Et là, bouchon.
Faire passer 2400 coureurs sur des chemins très étroits, très pentus et
glissants si près du départ garantissait des ralentissements mais ce sera pour
moi 45mn de perdues dans l'affaire.
Seuls les 300 premiers seront passés sans problème et pour les derniers se
sera plus d'une heure de perdue.
40ème km, arrivée à Piton Textor (2165m d'alt), 9h20 de course, 2600m de D+
depuis le départ.
Pour le moment tout va bien. La première nuit est passée, la météo idéale
et le corps ne semble pas souffrir.
Mare à boue (1594m d'alt), 50ème km. Valérie est là. Nous discutons
quelques minutes. Je me restaure. Au menu, poulet grillé-Riz.
Il faut maintenant attaquer les 10km de montée vers le coteau Kergueven
(2200m d'alt).
Cette année la montée se fait sur un terrain quasiment sec, pas de
boue.
Arrivée au sommet, il faut attaquer la descente sans doute la plus
impressionnante du parcours: 800 de dénivelé négatif sur 2km.
Chute interdite car la marche est très haute....
66 ème km, Cilaos, première base de vie.
Je retrouve Valérie.
Grosse pause, 1h00.
Douche, changement de tenue, repas (poulet, pâtes, Yop).
Sortie de ravitaillement, une descente puis montée vers le Col du Taïbit à
2080m d'alt.
Montée entrecoupée de descentes puis on remonte...
Au total, 1300m d'ascension en 10km.
Sommet du col, la 2ème nuit commence.
Courte descente vers Marlat (1580m d'alt), 79ème km, il est presque
20h00.
Nouveau repas. Raviolis cette fois..... Les menus sont variés... Je
n'aurais aucun soucis d'alimentation pendant la course.
22h00 de course, je voulais faire un somme mais pas de place, je repart
direction le Col des Boeufs (84ème km, 1950m d'alt).
Physiquement et mentalement tout va bien, juste un peu sommeil.
La mi course est atteinte.
Passage du col, il est environ 22h00, il fait frais, je sors la veste pour
la première fois. Cela fait 24h00 que je suis parti.
Passage au ravito de la plaine des Merles (86ème km) et direction le
sentier scout (alt 1640m) et sa descente de 7km vers l'Ilet à Bourse.
Pour info, en créole, un Ilet est un hameau isolé.
Au départ du sentier scout, un médecin nous interroge afin de vérifier que
nous sommes aptes à nous engager sur le sentier qui est parfois un "peu
aérien"...
Avant mon arrivée à l'Ilet à Bourse, je m'allonge 20mn dans la forêt mais
ne pourrais dormir que 10mn.
Ilet à Bourse, Grand place les hauts, Roche plate, les ravitaillements
s’enchaînent avant la montée que tout le monde redoute pour sortir du Cirque de
Mafate.
6km de montée, 1000m d'ascension.
Il est 8h00 et il fait déjà 30 degrés.
Il me faudra 2h00 pour parcourir ces 6km.
Après une bonne pause au ravitaillement du Maïdo (112èm km), restent 52km,
j'entame les 14km de descente vers la seconde base de vie située à Sans
Soucis.
Et c'est dans cette descente que je vais connaître mes premiers....soucis
physiques.
Une douleur apparaît dans la jambe gauche le long du tibia et remonte dans
la cuisse. Impossible de courir et même marcher est parfois difficile.
Arrivé à la base de vie, Valérie est là. Je lui explique le problème et lui
dit que faire 38km dans ces conditions risque d'être difficile.
De plus cela fait 41h que je suis parti et je n'ai dormi que 10mn.
Donc maintenant le but est de ralier l'arrivée, peu importe le
chrono.
Le programme: la douche, le kiné, dormir et manger.
Verdict de la kiné, contracture musculaire. Elle me fait un massage,
comment dire...vigoureux.
Puis 20mn de sommeil.
Le repas et je repars.
Plus d'une heure d'arrêt mais cela était nécessaire.
Au bout d'une demi heure de marche, la douleur à la jambe a totalement
disparue, merci à la kiné.
Malheureusement, après la cuisse ce sont maintenant des douleurs sous les
pieds qui me font souffrir, elle m'accompagneront jusqu'à l'arrivée.
Tant que le terrain est à peu près régulier, ça va sinon cela ne va pas du
tout....
La Possession, 144ème km, début du célèbre chemin des anglais.
Un chemin pavé de roches volcaniques.
Enfin, pavés...Ça s'était il y a quelques siècles. Aujourd'hui c'est plutôt
un chemin sur lequel on aurait déversé des dizaines de tonnes de roches...
Donc pour les pieds ce n'est pas le pied justement.
De plus, j'attaque ma troisième nuit de course mais le moral est toujours
là, 20km et ce sera le passage de la ligne d'arrivée.
Fin du chemin des anglais, montée vers Colorado.
La dernière montée qui se fera dans le brouillard.
Le chemin est glissant, il a plu ici dans les heures précédentes.
4h50, arrivée au ravitaillement de Colorado.
Là le chef de poste nous demande de ne pas repartir avant que le jour ne
soit levé.
Les 4km de descente vers l'arrivée ont été rendus très glissant par la
pluie et des coureurs se sont blessés durant la nuit et ont dû abandonner à
moins de 4km de l'arrivée!!!!
5h15, le jour se lève, je repars et effectivement la majeur partie de la
descente est une vrai patinoire.
Je m'accroche aux branches, aux rochers et prends tout de même deux belles
gamelles mais sans conséquence.
Ca y est, la descente se termine, j'entends le speaker, je vois Valérie à
l'entrés du stade, j'oublie les douleurs aux pieds et me mets à courir.
Je franchi la ligne avec Valérie après 164km, 9900 m de D+ et 57h de
course.........
C'est déjà fini, je n'ai pas vu le temps passé.
Une bonne bière pour me rafraîchir, depuis le temps que j'en
rêvais...
Deux jours après la course, les douleurs ont disparue et il ne reste que
les bons moments de la course.
Pour celles et ceux qui voudraient tenter l'aventure, n'hésitez pas,
l'ambiance sur et autour de la course sont extraordinaires, je n'ai jamais rien
vu de comparable ailleurs.
Excusez moi, le récit est un peu long mais la course l'était
aussi....